Résumé
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L'essentiel à retenir

Avant/après la reconversion professionnelle

À ce stade de ma carrière, j’ai voulu que ce que j'aimais le plus y faire ne soit plus la cerise sur le gâteau, mais que ce soit le cœur de mon travail.

Bonjour Isabelle, tu as fait Chance et tu es devenue formatrice dans un établissement de réadaptation professionnelle pour personnes adultes en situation de handicap : peux-tu expliquer comment tu en es venue là et ce que tu faisais avant ?

Jusqu’à fin août 2021, j’ai été à un poste très élevé à la Direction générale des finances publiques. Concrètement, j’étais directrice financière de l’UGAP, établissement public industriel et commercial dont les revenus sont de 5 milliards par an, et qui fonctionne comme un établissement privé (entièrement autofinancé par ses bénéfices propres).

J’aimais ce travail, mais mon centre d’intérêt principal a toujours été le développement personnel et professionnel du personnel que j’encadrais, de voir qu’Unetelle avait progressé et en était heureuse. J’ai fait beaucoup de formation du personnel au sein de la DGFIP et je m’y suis énormément épanouie.

Et là, à ce stade de ma carrière, j’ai voulu que ce que j'aimais le plus y faire ne soit plus la cerise sur le gâteau, mais que ce soit le cœur de mon travail.

Mais avec ma carrière, j’avais aussi atteint un certain niveau hiérarchique et salarial, et je devais le lâcher. Et une autre peur : j’ai 55 ans, et mon âge était un frein dans mon esprit. Surtout, je ne voyais pas comment tout ce que j’espérais pouvait se concrétiser.

Que fais-tu exactement maintenant ?

Je suis désormais à cheval entre deux activités : 60% de mon temps, je suis formatrice pour des personnes adultes atteintes de handicaps (visibles ou invisibles), et le reste du temps, je suis prestataire de service (à mon compte) pour Expertise France sur un projet de coopération avec l’Afrique pour mettre en place des formations opérationnelles et non magistrales.

Comment s’opère le passage d’une vie à l’autre via un bilan de compétences ?

Raconte un peu comment tu as élaboré ce projet professionnel

Dans le parcours Chance, on identifie les moteurs qui nous mettent en action, nous donnent de l’énergie, et pour moi, c’était le fait de permettre le développement des personnes qui était très important. À partir de ça, j’avais 2 pistes professionnelles possibles : travailler dans le social (j’ai accompagné, comme bénévole, beaucoup de personnes en exil, de sans-papiers, de jeunes sans diplômes aussi) comme dirigeante d’association, ou être directement formatrice, où j’ai une expérience concrète aussi.

On est dans un système où progresser c'est gravir des échelons pour arriver en un lieu sans lien avec le public. Or avancer, ce peut être devenir meilleur dans le lien avec ce public.

Chance encourage fortement, dès qu’on a des pistes, à s’entretenir avec des professionnels des secteurs qu’on vise, et ça m’a été très utile. Ces échanges m’ont montré que je ne cherchais pas à diriger une structure d’insertion, mais que je voulais être en lien direct avec le public. C’est ça, qui me rend très heureuse : de travailler avec eux sur leur confiance en eux, sur les pistes pour trouver un travail.

On est dans un système où progresser, c'est gravir des échelons pour arriver en un lieu sans lien avec le public. Or avancer, ce peut être devenir meilleur dans le lien avec ce public.

Le salaire, le niveau hiérarchique et l’âge : les barrières à surmonter

Justement, concernant le salaire, comment as-tu fait ce choix ? Quel impact sur ton niveau de vie a eu ce choix ?

Fondamentalement, je suis pour une certaine forme de frugalité.

La vie pressée et stressée génère des coûts. Maintenant que je suis bien, j’ai besoin de bien moins.

Quand mon fils était là, ça m’allait de gagner davantage, mais là, maintenant que nous sommes tous les deux avec mon mari, cette baisse de salaire, associée à un mode de vie plus respectueux de moi-même, m’apporte une baisse de coûts : la vie pressée et stressée génère des coûts, on achète des choses, on fait des voyages pour trouver le repos. Maintenant que je suis bien, j’ai besoin de bien moins. On n’a que nos charges à payer aujourd’hui, en vérité, nous restons plus privilégiés que la moyenne.

À Rennes, où nous avons déménagé pour que j’aille au bout de cette reconversion, je fais tous mes déplacements à pied ou à vélo, je fais des courses plus respectueuses de l’environnement, j’ai le temps de prendre des cours d’impro, de faire des randonnées chaque mercredi.

Je suis à 60% sur un salaire de formatrice (sachant que c’est peu payé). Mais j’ai mon contrat de prestataire : c’est un complément de revenu qui nous met à l’équilibre.

Quels ont été les autres blocages sur lesquels tu as dû travailler ?

J’ai beaucoup travaillé autour de croyances limitantes : changer à 55 ans, changer de ville (ça, je ne m’y attendais pas !), changer de statut, changer de salaire. Grâce à Virginie Oks, ma coach, j’ai pu me défaire de ces nœuds.

Comment tu t’es positionnée pour obtenir des entretiens ?

Je savais que mon poste et mon salaire d’avant allaient être des repoussoirs pour les recruteurs.

Je sais d’expérience en tant que recruteuse que les reconversions où des candidats divisent par 4 leur salaire donnent lieu à des professionnels qui refusent les cadences et les moments difficiles.

Donc c’était sur ça avant tout que je devais travailler, pour convaincre des recruteurs de ma motivation à tout donner, malgré un salaire bien moindre.

Pour parler des entretiens que j’ai faits, je ne les ai pas eus par mon réseau mais par l’Apec ! Je regardais les postes à temps partiel car je m’étais aperçue, encouragée par ma coach, que j’avais envie de faire plusieurs choses dans le même temps (continuer mes missions de coopération internationale, notamment).

“Je sais d’expérience en tant que recruteuse que les reconversions où des candidats divisent par 4 leur salaire donnent lieu à des professionnels qui refusent les cadences et les moments difficiles. Donc je savais que c’était sur ça avant tout que je devais travailler, pour convaincre des recruteurs de ma motivation à tout donner, malgré un salaire bien moindre.

Deux d’entre eux étaient des postes d’ingénieure de formation pour les futurs travailleurs sociaux. Et l’autre était un poste de formatrice en centre d’insertion à 60%, en Bretagne à Rennes.

J’ai eu mon entretien, et le courant est très bien passé. Et l’après-midi même, j’ai appris que j’étais retenue. Avec mon mari, on a donc vendu notre appartement de Montreuil, acheté à Rennes pour être opérationnels dès début octobre. J’ai un mari fabuleux qui m’a toujours suivie.

La réalité du travail quotidien après une reconversion

J’admire la capacité des personnes que j’accompagne à se remettre dans des études pendant 2 ans, avec des charges de famille et leur handicap à gérer.

Peux-tu me parler du quotidien dans ton travail ?

Je suis très heureuse de mon choix. Pour moi, le plus intéressant est la relation avec les stagiaires : développer leur confiance, y compris chez des personnes qui à 40 ou 50 ans, n’ont aucun diplôme et doivent apprendre. J’admire la capacité des personnes que j’accompagne à se remettre dans des études pendant 2 ans, avec des charges de famille et leur handicap à gérer.

J’adore créer des outils pédagogiques (andragogiques, pour être précise, car ça concerne les adultes !), des escape games, des supports d’apprentissage. Et puis j’utilise mes ressources car j’aime créer des ponts entre les mondes : j'ai servi d'intermédiaire entre la direction régionale des Finances publiques et mon établissement, et on s'avance vers la signature d'un partenariat. ! Je tisse des liens entre mes vies, et c’est ce qui me guide, .

Et puis j’aime avoir ces deux activités  : conception et animation de formation d’une part, et dans mes prestas, faire de la formation de formateurs avec une équipe de formateurs en finance publique basée à Abidjan, pour 14 pays différents. L’enjeu et le défi sont énormes, et voir que ce que j’apporte fonctionne est une vraie satisfaction.

Par rapport à ton ancienne vie, qu’est-ce qui a changé ? Tu es passée d’un poste de direction à un poste d’employée, ça change beaucoup de choses, y compris dans ta relation avec tes collègues…

Je me suis aperçue des privilèges qu’on a quand on est habituée à diriger : si on a une imprimante qui ne fonctionne pas, quelqu’un va te la réparer, on va t’aider, t’entourer, t’apporter ce dont tu as besoin. Donc j’ai changé d’attitude par rapport à ça.

Je m’entends très bien avec mes collègues, mais je me sens parfois en décalage avec certains pour qui la vie est dure et qui ne comprennent pas nécessairement mon choix, qui ne voient pas la beauté que moi je perçois dans leur travail au quotidien. C'est vrai que je fais ça par idéal.

Et puis quand les colères s’expriment, pareil, je m’aperçois que je n’ai pas totalement ôté mon habit d’ancienne directrice, que j’ai aussi cette empathie pour la direction.

Le conseil pour réfléchir à sa vie professionnelle

As-tu un mot à dire aux personnes qui nous lisent et se posent des questions sur leur travail ?

Je pense qu’il faut accueillir ce questionnement et l’approfondir sur ce qu’on a envie de faire. Creuser peut simplement redonner un dynamisme à ce qu’on fait, peut apporter un regard neuf sur son travail. Je trouve que l’accompagnement est clé pour sortir le nez du guidon, observer la trajectoire parcourue pour mieux la prolonger. Je ne pense pas en termes de ruptures, j’ai le sentiment que ce que j’ai choisi est cohérent, linéaire, et que tout va dans le sens d’une construction.

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