Si vous remettez à plus tard, ce n’est pas par paresse mais par blocage. Depuis quelques années, on aime parler de procrastination comme d’un trait de caractère plus ou moins charmant, associé à un art de vivre un peu nonchalant, un dandysme du XXIe siècle. Or le plus souvent, la procrastination cache autre chose, bien plus complexe et désagréable qu’une flemme passagère. Dans cet article, nous déconstruisons les idées reçues et nous vous donnons les clés de votre esprit pour éviter de vous enliser dans une inaction qui ne vous fait pas de bien.
Attention, toute inaction ne relève pas du blocage : l’art de vivre, ne rien faire, bâiller aux corneilles et se la couler douce ont toute leur place dans une vie heureuse. Nous parlons là de l’inaction face à une action qui va pourtant dans votre sens. D’abord, posons cartes sur table.
Lorsque vous procrastinez, ce n’est pas parce que vous êtes paresseux(se), mais parce que vous êtes partagé(e) entre des envies et besoins contradictoires.
En somme, une partie de vous a envie d’avancer, l’autre d’aller dans la direction opposée. En physique, deux forces opposées s’annulent et créent ce qu’on appelle l’inertie. Et avec la procrastination, c’est exactement le même phénomène qui est à l’œuvre, sauf que là, il se produit en vous.
Se sentir “bloqué(e)”, “en panne”, “incapable d’avancer” est une situation classique dans laquelle se retrouvent de nombreux utilisateurs que Chance accompagne. Ce moment certes inconfortable (mais pivot) se produit généralement à mi-parcours : il ne s’agit plus seulement de “réfléchir” à soi et à son projet, mais de commencer à agir et confronter son projet à des principes de réalité (par exemple, en rencontrant des experts pour mieux comprendre la réalité d’un métier et d’un univers professionnel). À ce moment-là, souvent, les gens procrastinent et bloquent.
La méthode Chance
Dépasser ses blocages demande du temps, de la résilience, et de la motivation. Abordez ce qui suit comme un premier point sur un sujet qui n’est pas simple — car il est, disons-le, profondément humain. Vous pouvez vous accompagner d’un papier et d’un stylo pour répondre à l’écrit aux questions posées et ainsi amorcer votre réflexion.
Lorsque vous n’arrivez pas ou plus à agir, c’est probablement que vous êtes partagé(e) par des désirs et réactions contradictoires qui vous tirent dans des directions opposées et finissent par s’annuler. C’est plutôt bon signe : une partie de vous a envie d’avancer, et rencontre au passage quelques détracteurs (qui sont en vous, si vous avez tout suivi).
L’un des blocages les plus récurrents provient d’une émotion en particulier : la peur.
De quoi avez-vous peur à l’idée de mettre en œuvre cette action ?
Peur du jugement, du rejet, de la moquerie, de l’échec, de réussir, d’être déçu(e), de souffrir, de l’inconnu, de perdre son temps, de passer à côté de quelque chose, etc.
La peur a toute sa place dans une transition professionnelle. La ressentir est naturel et constitue même (tenez-vous bien) une bonne nouvelle. Pourquoi ? Parce que la peur est une émotion du futur : on redoute quelque chose qui pourrait se produire.
Si vous avez peur, c’est que vous désirez quelque chose et vous vous y projetez.
Vous êtes en train de penser à votre prochaine étape et votre esprit est aux aguets. Bref, vous avancez !
Si la peur n’est pas plaisante à ressentir, surtout lorsqu’on tient à se montrer fort(e), parfait(e) ou encore gentil(le) — ça vous parle ? Ce sont 3 parmi les 5 injonctions qui vous dirigent (et vous cassent les pieds) –, elle est pourtant et avant tout un allié et un protecteur. Avoir peur face à un danger immédiat mobilise nos ressources physiologiques et, par exemple, nous donne le réflexe utile de prendre nos jambes à notre cou et de fuir. Avoir peur d’un danger futur permet de l’anticiper voire de l’éviter.
Les peurs nous rendent vivant-es, écoutons-les !
Nous tenons bien souvent la peur en ennemie. Le résultat, c’est que plutôt que d’essayer de comprendre ce qu’elle nous dit et de quoi elle veut nous protéger, nous faisons tout pour pour ne pas la ressentir, d’autant que nous l’associons à de la faiblesse et du manque de courage : hérésie ! Refuser d’avoir peur d’un danger, c’est comme refuser de se réjouir d’une bonne nouvelle, ou de rire à une bonne blague : ça n’a pas de sens, et surtout, c’est perdu d’avance.
Plus vous mettez votre peur de côté, plus elle revient de façon explosive. Plus vous la minimisez, plus elle prend le contrôle de vos pensées et de vos comportements. Essayez de dire à un enfant d’arrêter de hurler en le jetant dans un coin sans l’écouter : est-ce vraiment efficace ? Notre expérience personnelle vous annonce un spoiler : non, ça ne fonctionne pas, et la situation empire.
Concentrez-vous bien, et pensez à une action que vous n’osez pas faire.
Par exemple : vous n’osez pas contacter une personne dont vous admirez la carrière et à qui vous aimeriez poser des questions.
C’est signe que vous avancez vers un projet que vous désirez et qui est important pour vous. Pour vous mettre dans cette disposition, lisez et relisez ce qui précède dans l’article.
Exemple : “J’envoie un mail à la personne mais elle ne me répond pas, je me sens alors encore plus insignifiant(e) et je me dis que mon projet ne tient pas debout. (…) Alors que l’on se rencontre finalement, je vais bafouiller tellement je suis impressionné(e), je vais mal parler de moi et de mon projet. Cette personne va me mépriser, et raconter à tout son entourage à quel point mon projet est ridicule. Elle va même poster sur son LinkedIn un article pour me moquer, article qui sera liké par des milliers de personnes. Etc.”
Dans l’exemple que nous donnions, les dangers redoutés sont :
Vous voyez le nombre de dangers anticipés-potentiels-fictifs pour une simple rencontre réseau ?
Pour chaque exemple ci-dessous, nous nous appuyons sur l’exemple du point de danger “Je rencontre la personne et je ne réussis pas à être convaincant(e)”.
Reprenez la liste des dangers que vous avez identifiés. Pour chaque danger redouté :
Réfléchir à la probabilité d’un danger qui nous fait peur et comment l’éviter est un moyen efficace pour prendre du recul et apaiser notre peur. Il est parfois plus risqué de ne rien faire.
Maintenant, concentrez-vous de nouveau sur ce que vous n’osez pas faire/ce que vous reportez toujours plus tard ?
Enfin, l’action est la seule preuve de motivation et d’avancement. Comme expliqué dans notre article sur la permission, c’est l’action qui donne de la confiance en soi et de l’énergie, et non l’inverse. Pour réussir à vous lancer, décortiquez les tâches qui vous paraissent trop ambitieuses en des actions simples à faire chaque jour.