Résumé
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L'essentiel à retenir

Dans cet épisode du podcast Chance, Gregory Pouy, créateur de Vlan!, revient sur son enfance, sur son parcours non linéaire et les hasards - ou pas - de la vie, qui l’ont amené à oser, essayer, tenter… Par exemple : quitter le salariat pour diverses aventures entrepreneuriales, changer de cadre de vie, élaborer de nouveaux projets… Un parcours varié avec un fil rouge : celui de partager et de transmettre au plus grand nombre ses questionnements et ses convictions sur le monde d’aujourd’hui et celui de demain.

Gregory Pouy s’est fait connaître grâce au podcast Vlan!, qu’il a créé il y a 15 ans pour comprendre la société dans laquelle nous vivons et interroger le lien, à soi, aux autres, à la nature.Gregory est aussi un conférencier engagé et l’auteur du livre Insoutenable Paradis. Écologie et mode de vie : comment réagir sans tout sacrifier (Dunod, 2020). Et c’est l’un des premiers signataires de l’appel solidaire “Provoquons la chance”.

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Gregory Pouy : sortir des déterminismes

“Je ne crois pas du tout au self-made man.”

Philippine de Saint-Exupéry : Je voudrais commencer par te demander de nous raconter qui tu es en commençant par où tu as grandi et qui était Greg enfant.

Gregory Pouy : J'ai grandi en banlieue parisienne, dans une cité, dans le 95 et d'une famille plutôt modeste. Personne n'a fait d’études, ni ma mère, ni mon père, ni aucun oncle, tante, grand-parent, aucun membre de la famille de manière générale. Et j'étais quelqu'un d’assez timide et à l'écoute, je crois.

Philippine de Saint-Exupéry : Je ne sais pas si tu sais, mais chez Chance, la mobilité sociale, c'est un engagement qui nous tient beaucoup à cœur, et je ne peux pas m'empêcher quand j’entends d’où tu viens et puis aujourd'hui, quand je vois que t’es podcasteur, conférencier, auteur, entrepreneur, que fait-on de tout ça ? Que penses-tu de l'archétype un peu galvaudé du self-made-man ?

Gregory Pouy : Je ne crois pas du tout au self-made man. Je pense que c'est vraiment, vraiment bullshit. Je pense qu’en fait, il y a plusieurs choses. D'abord, j'ai la chance d'être né en France avec un système éducatif, avec un système de santé, avec des infrastructures qui font qu’on est dans un système démocratique.Donc j'ai énormément de chance. Les gens qui ne réalisent pas ça ne comprennent pas la manière dont le monde bouge. La sociologie définit qu'il y a des individus, mais surtout qu’il y a une société au-dessus. Les individus dépendent de cette société. Moi, je crois vraiment à ça. Je ne crois pas à l’individualisme pur.Ensuite, même dans mon expérience de vie personnelle, la vie, c'est une suite de rencontres. C'est une suite de gens qui te donnent des chances, qui te poussent, et qui t'aident finalement. Après, il y a évidemment cette envie. Il peut y avoir aussi une forme de détermination.

Il peut y avoir aussi un apprentissage. Moi, je ne crois pas qu'il y ait des gens idiots et d'autres pas. Il y a des différences, mais les différences ne sont pas majeures.Je ne suis pas certain de ça, je suis même assez certain de l'inverse. Par contre, tu peux te prouver à toi-même, en grandissant, que quand tu essaies un truc, ça marche, ou à l'inverse, que ça ne marche pas !

Dans ma situation à moi, en tant que métisse, je n'avais pas de rôle modèle, parce qu'en tout cas, à l'époque, il n’y avait pas vraiment de personnes comme moi, donc je ne savais même pas qu'on pouvait réussir… Enfin "réussir"… encore une fois, c'est un autre concept qu'il faut qu'on définisse : ça veut dire quoi, réussir ?

Et donc, même les prépas HEC, j'ai appris en Première que ça existait. Tout ça, c'est parce qu'il y a des gens qui me l'ont expliqué.Il y a des gens qui m'ont aidé, et dans l'autre sens, il y a aussi des gens qui ont essayé de me descendre par justement déterminisme social. Mon frère a fait un BEP, un CAP, donc pour moi, c'était logique qu’en Cinquième j’aille faire un CAP, et les professeurs ont poussé pour ça. Quand j'étais en Première, mon prof de math me disait : “Une prépa HEC, vous n’y pensez pas, vous n'y arriverez jamais, c'est impossible.” Puis pareil en prépa, pareil à l’école : comme ce n'est pas forcément un chemin, il faut une forme de détermination malgré tout.

Mais à partir du moment où tu penses que tu es capable, je crois que tu peux le faire.

Et puis il y a aussi des personnes qui fonctionnent avec le système éducatif et d'autres qui ne fonctionnent pas. Par exemple, mon frère est quelqu'un de très smart, mais qui ne correspond pas du tout au système éducatif français, alors que moi je me suis développé dans le système.

Ça dépend des gens aussi. Mais en tout cas, ce n’est clairement pas juste une question de self-made man ou woman. Moi, je n’y crois pas du tout.

Transmettre pour casser les barrières sociales

“Comme on m'a beaucoup aidé dans mon chemin, je pense que c'est extrêmement important de pouvoir aider les autres aussi. C'est aussi ce que je fais à travers Vlan! pour transmettre un maximum aux autres et en même temps de les rendre extrêmement accessibles.”

Philippine de Saint-Exupéry : La détermination te fait sortir du déterminisme...

Gregory Pouy : Il y a une forme de déterminisme social en France. On ne peut pas se tromper : il y a très peu de mobilité sociale. Et en plus, moi, je suis même pas vraiment transclasse parce que je bouge entre les classes, donc je n'oublie pas d'où je viens. Et puis j'ai changé, je n’ai pas fait juste un saut d'une classe.J'ai vraiment fait un saut de multiples classes, c'est très particulier.il y a un déterminisme social en France parce qu’on reste là où on est, et que les pauvres restent pauvres. Je le vois sur des trucs assez simples : mon frère et moi on a acheté un appartement au même moment. Moi, mon appartement que j'ai acheté à Paris, il a triplé de valeur et le sien pas, il est resté au même prix, quasiment. Tout ça parce que lui a acheté en banlieue et moi à Paris. Lui, il est chauffeur de bus et moi pas. Et ça, ça fait des différences majeures.Je pense que quand tu es pauvre, tu restes pauvre, enfin très modeste.

Philippine de Saint-Exupéry : Et justement là, on parle de détermination, déterminisme, et dans ton podcast Vlan!, tu as interviewé un camarade, avec qui il me semble que tu as aussi collaboré.

Gregory Pouy : Collaboré, c'est un grand mot, mais en tout cas je suis intervenu plusieurs fois auprès des Déterminés.C'est Moussa Camara, un entrepreneur qui vient de Cergy-Pontoise, donc dans le 95 aussi, et qui a créé à l'origine une boite dans le mobile.Et il s'est dit “En fait je n'y arrive pas, j'ai pas les clés, je ne connais pas les codes, j'ai pas les bonnes personnes, etc.” Et il s'est rendu compte en travaillant qu'il pouvait y arriver. Et il s'est dit “Mais en fait il y a plein de gens qui ont beaucoup de talent, beaucoup de détermination, dans les quartiers, dans les zones rurales”. Et ces gens-là n'ont pas les codes, pas de réseau, ils n'ont pas tout ça. Donc il a créé Les Déterminés, et moi, je suis intervenu plusieurs fois pour coacher des personnes, les aider dans leur projet, parce que ça me semblait important de le faire.

Parce qu'en fait, comme on m'a beaucoup aidé dans mon chemin, je pense que c'est extrêmement important de pouvoir aider les autres aussi. C'est aussi ce que je fais à travers Vlan! pour transmettre un maximum aux autres et en même temps de les rendre extrêmement accessibles, cool.

La suite de l’épisode : dans vos casques !

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Et si vous ne l'avez pas encore entendu, découvrez l'épisode de Vlan! où Greg Pouy interrogeait Ludovic de Gromard, CEO et cofondateur de Chance. Le thème : "Sommes nous égaux devant la bifurcation de carrière ?" !

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